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LA POESIE D'ANTOINE CARROT

Des croix sur le mur

Poètes de Laudes, 1987
Dessin Nicole Spay

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NOTES DE LECTURE


Il sait sa condition d'homme et sa communion avec les autres, surtout les plus démunis : "derrière un mur de prières et de nuages, j'écoute l'immobilité des vivants qui sont morts". 
Jean Dauby, Cahiers Froissart.

Le poète est cette "tellurique unité qui se consume au fil des jours". Il connait sa mission, il a "tout à dire" mais voudrait "un signe qui ne laisse aucune ombre" pour avoir sa "résonance propre" et savoir défendre "ce qui fut la vertu de l'homme" en dénonçant les injustices. Il lui faudrait imiter la patience de l'horloge, la fidélité du vent, cultiver l'espérance "malgré la pensée qu'il existe des royaumes de barbarie". Ayant accepté la croix "d'épaisse solitude" dans sa propre imperfection, il peut s'acheminer sereinement vers l'éternité car "une flamme s'éteint, mais d'autres flammes renaissent".
Jean Chatard, Cahiers de Littérature et poésie.

Sa poésie célèbre la plénitude des saisons et "la rugueuse impatience des multitudes" Antoine Carrot a inventé son langage dans la familiarité des meilleurs poètes de notre époque mais il a su rester fidèle à une poésie qui renouvelle les tournures originales et reste toujours profondément elle-même. " La porte peut s'ouvrir / ce n'est pas une raison pour croire en d'autres choses / la vérité des jours est la muraille close / et la dénégation fleurit sur les façades". 
Albert Ayguesparse, Marginales.

L'auteur privilégie la signification spirituelle par rapport à la musique du vers ou à la seule beauté formelle : "Ne cherche plus / les temps sont désormais comptés / l'ivresse couve au gris des cendres / le dernier coup d'une heure peut-il nous étonner ?" 
Jacques Mazabraud, Friches. 

On aime lire une poésie épurée, l'âme jouant le quitte ou double, et qui se trouve "... à quelque branche une image attend d'être / nos faiblesses frissonnent / une odeur de cassis ou de fraise mûre / tourne à doigt léger les horizons de vivre..." Une lecture sereine.
Alex Millon, Regart.

Ce recueil nous invite à partager la fraternité, à échapper à l'orgueil. La méditation nous accompagne sur des chemins de patience et d'humilité. "Car le choix existe comme un secours de main / si nous savons retrouver le sens de l'horizon / si nous savons définir les nuances des sources". La voix du poète tend vers la lumière en portant témoignage, elle dénonce les illusions pour mieux féconder la parole de l'être. " Ne cultive pas le vent il ne donne aucun grain / promets-toi d'accomplir ton silence / par la pudeur des mots qui ne sont pas dits ". Pesante est pourtant la solitude. Mais son épreuve demeure une quête infinie quand le pas s'allie avec l'espace, le mot avec l'espoir. 
Régis Louchaert, Lieux d'être. 

EXTRAIT

Jardiniers de l'illusoire
Nous sommes en même temps l'austère
et le prodigue 
La présence et le refus
et le geste qui devient l'oubli.

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